samedi 7 juillet 2012

NEUF (bis)

Voyager ?
Prendre la mesure du temps qui passe
et choisir la taille de son bagage.
Voyager ?
Prendre la mesure du temps qu'il fera
et choisir ce que l'on met dans sa valise.
Voyager est un art divinatoire



ONZE

Et va donc ma belle te noyer 
dans mes jardins secrets !
Je veux taire mon inquiétude :
vois-tu ce lieu qui m'est chair
ou de simples reflets ?
J'ai ancré en ses eaux 
tant de souvenirs.
Cette pointe de piment :
et si tu ne comprenais pas l'impudeur que j'ai 
à te montrer ces sillons de nuages 
qui cloisonnent ma mémoire ?
Comme sont hantés ces jardins passés !

DIX


Mon désir ne flotte pas
si je le lance comme une bouteille à la mer...
Mais si je me jette à l'eau
flottent quelques notes 
d'un vieil air
dans la variance infinie 
des nuages.
Le ciel partout, entier.
Je comprends que l'on puisse choisir l'exil à la peine.

SEPT



Homme blessé, ce n'est pas un mois de mer qui guérira tes plaies.
Puisses-tu simplement te manquer à toi même quelques jours durant,
te perdre dans la forêt océane, voir ces rythmes marins.
Ce temps qui s'étire, s'entrecoupe et se perd.
Ces distances qui changent.
Puisses-tu, dans le silence et sur l'horizon sans arrête pour user ton regard,
retrouver le chemin d'un délire plus humain.
Puisses-tu être heureux et comprendre.

SIX

- "Parfois nos chemins ne mènent nulle part, s'arrêtent soudain.
- Qu'importe, le voyage est si fort. Ecoute la lumière du miroir, regarde le plat silence d'une mer calme.
- Tu sais voir toutes les tempêtes enfin apaisées.
- J'ai besoin de cette intensité innommable.
- Je suis la ligne tracée par les hommes
- Et je veux atteindre les courbes du lointain."
Cela dit, elle me planta comme un pieu tordu et, sans se retourner, continua son chemin.

NEUF

Que va-t-il faire du chemin qu’il lui reste à parcourir ?
Est-il capable de s'imaginer un avenir ?
Ou se condamne-t-il à ne vivre que dans les gouttes du souvenir? 
Va-t-il, sans cesse, suivre les routes rapiécées au goudron des départementales abandonnées ?
Franchira-t-il les montagnes qui bouchent son horizon ou les contournera-t-il ?

mercredi 14 mars 2012

VINGT-HUIT

VINGT-SEPT



Parfois il n'y a rien à dire.
J'aimerai que mes yeux me permettent
de déchiffrer les toutes petites phrases
sur ce quadrillage de lumière.
Quelle histoire invraisemblable !
Mais parfois il n'y a rien à lire
et se taire.

VINGT-SIX

Récréation : Toi, le vieux papier,
si je t'attrape
je t'enferme,
je t'encadre
et tu seras sage
comme une image !

VINGT-CINQ







Il m'a dit le silence de ce dimanche-là
Je suis partie.
Une vie en noir et blanc.
Le seul éclat de couleur de jour-là fut
le fracas des pigeons affolés
au claquement de mes pas sur le pavé.
Il m'a dit le silence de ce dimanche-là.
Je ne me souviens que de la lumière

VINGT-QUATRE


Assise à l'intérieur de cette grande bouche
aux dents blanches
je ne vois pas au delà de ces lèvres entrouvertes
car l'éblouissante lumière ferme les yeux !



VINGT-TROIS



Le jour a glissé vers la nuit.
Les lumières dessinent le noir.
Elle est en retard.
Passera-t-elle, ombre ?
Viendra-t-elle ouvrir cette fenêtre,
Se pencher pour me voir ?
Elle est en retard.
Non, c'est moi qui me suis trompé d'heure
Sur le trottoir d'en face
Sans bouquet de fleur
Le nez en l'air je suis en retardde toute une époque révolue

VINGT-DEUX



Si c'était Paris les toits seraient de zinc
Si c'était Marseille je verrais la mer
Si c'était Lyon...
C'est Lyon
Mais le ciel à l'instant troué de lumière
Partout me donne des envies de campagnes et d'océan
C'est sur ces rivages que je m'assieds
et attends

dimanche 5 février 2012

VINGT et UN


 Nous. Seuls.
Apprendre à reconnaître ces hommes qui viennent à nous.
Les aider à sortir de la toile
ou enjamber le cadre de cette autre vie
Rejoindre le peintre, le faire parler. 
Regarde ! Regarde ! Regarde !
Le silence de la ligne de fuite.
N'oublie pas que
les Murs qui s'effondrent
effritent tout juste le silence.



VINGT



 "Me'ci pat'on de m'avoi' donné beaucoup de t'avail et pas beaucoup d'a'gent (quoi que j'ai eu mon compte d'agents)
J'ai maintenant fini mes études, je suis agrégé et même ingénieur. 

Je retourne dans mon pays qui m'attend. 
Tes mirages ne sont que des mensonges. 
Je vais maintenant tenter d'oublier les humiliations en terre d'exil.

DIX-NEUF


C'est ici. 
La semaine dernière il y avait un graffiti. 
Comment font-ils pour tout ramasser, pour qu'il ne reste plus de traces ? 
Qui accepte de faire ce travail ingrat dans l'air vicié des tunnels ?
Comment nettoyer aussi bien ma mémoire ?
Laver. Oublier;
Il y avait un graffiti la semaine dernière. 
Il a été enlevé, lui aussi.