mardi 22 mars 2011

CINQ

Elle ne me parlait jamais de la braillarde révolte des oiseaux, 
cette vaine musique des portées qui se croisent
Ils suivent l'immuable horaire du temps qui passent
Mais elle, trouvera-t-elle le chemin de la ballade ?
Je m'envole au delà du tempo monotone des roues d'acier
et continue à compter les wagons sans jamais me souvenir de leur nombre
Impossible de reprendre mon compte : ils sont déjà passé(s).

QUATRE



Mon marque-pages :
une photo tombée
derrière le buffet,
des années abandonnée.

Elle, si belle
ma belle, ma douce oubliée
à la poussière du temps.

Si elle savait !
L’appétence que me donne mes ivresses
Ses mains brûlent ma joue ;
Mains qui m’ont portées, bercées
Ses mains qui plièrent ma nuque.
Et l’ombre file
l'anneau à son doigt
imprime mes impossibles
une ombre souligne
Une page à marquer.

UN


Dans la cour les enfants se poursuivent
en criant.
Ma fille s’impatiente.
La porte du camion plein claque,
le moteur tousse.


Je voudrais ne plus rien entendre,
rien des bruits au delà des fenêtres closes.
Juste la lumière,
le temps d'apprivoiser le silence.

Faire, seule, le tour de la maison
une dernière fois caresser les murs vides
quitter le passé
laisser les morts enfin dormir.
Je ne reviendrai plus ici.

Le camion des déménageurs s'éloigne
Va charrier ailleurs les souvenirs.
Ma fille m’appelle,
j’entends son impatience.

Tais-toi ! Taisez-vous, tous !
laissez moi encore seule
laissez moi prendre la mesure de mes pas
et revenir vers vous en paix.
Cessez de vous inquiétez,
Je vais retrouver mon chemin 

Laisser le silence s'installer sur le passé
Une dernière fois écouter le grincement des crémones
lorsque je vais fermer les volets.
Enfermer à l'intérieur de toute mémoire
la pénombre apaisée,
à l'abri des volets clos.

DEUX


Il me suffit de poursuivre mon ouvrage.
Peu importe la lumière du jour qui baisse,
elle reviendra.
Peu importe le tic-tac de l'horloge
balance du silence.
A la demie j'ouvrirai la fenêtre.
jeter mon incertitude à la rumeur de la rue
Mes derniers doutes dehors
Je reviendrai peaufiner.
Elle m'a promis de rentrer,
il me suffit de l'espérer

TROIS

Dehors, seul avec le soleil,
il en a marre 
ce gamin de jouer 
seul dans la lumière.
Il jette 
sa balle de couleur,
dedans.
Jetée pour faire du bruit
Le fracas du gamin,
l'éclat du soleil
derrière la porte
Le couloir sombre dans
le silence
la couleur est entrée
le bruit est resté.

HUIT

Pour tant de choses
il est maintenant trop tard.
Malgré cela, pour l'écriture
j'ai encore tout le temps.
Et si aujourd'hui n'est que le premier pas,
la trace ne s'effacera pas
jusqu'au bout de ma route.
L'écriture n'est pas liée à mon âge
qui me courbera
mais à ma respiration.
Maintenant il est temps de faire le paix avec les petites ruptures du quotidien.