mercredi 2 novembre 2011

DIX-HUIT

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DIX-SEPT

Lorsque le vent pousse la mort vers l’est
Pourquoi entendons-nous qu'il va vers l’ouest ?
Nous voulons croire ce qui nous est dit
Ils nous promettent qu’il ne porte pas la mort
Nous voulons avoir les idées légères
Où les vents obéissent aux puissants
Nous devons rester vigilants
Nous devons écouter notre regard
Lorsqu’il nous éclaire sur ces mensonges 
Hallucinants qui nous aveuglent

(après le 11 mars 2011 - Fukushima)




SEIZE


Une fenêtre
Etre à l’intérieur
Et tenter de dessiner l’extérieur,
Centrer la pensée et la douleur.
Pour sortir de la mémoire du deuil
Penser aux absents comme un souvenir lointain, fugitif
Envisager l’écriture et l’avenir.
Aller dehors avec la mémoire des vies éteintes
L’extérieur comme une toile, une imagination.


QUINZE


Elle m'a dit qu'elle reviendrait. Je l'attends
Une promesse de mère à son enfant. Et j'attends
Elle m’a bercé au creux de l’oreille la promesse de son retour, avant la saison des olives 
Elle est partie, sans se retourner
Elle a oublié de me dire quand serait la saison des olives.


QUATORZE


Ma tête dans ma main,
j'ai pleuré 
le temps que la pluie cesse
dans le silence et l'absence
le temps que revienne un rayon de soleil.
Puis je me suis levée
j'ai éteint sa cigarette 
nettoyée sa tasse
et commencé à l'oublier.
(hommage à Jacques Prévert)


TREIZE



Je veux détacher les êtres aimés des lieux visités.

Retrouver les espaces partagés sans le filtre de la mémoire.
Je veux des terres libres de souvenirs. Oublier qu’ici je fus deux et heureuse.
Défaire les espaces infinis des émotions passées.
Je veux me désaltérer aux sources fraîches, la tête vierge de toute mémoire.

DOUZE

 Se battre pour pousser,
pour croître.
Lutter pour la lumière,
pour grandir.
Tendre vers le ciel
se dresser, droit
haut.

Savoir endurer la hache,
la morsure des chaînes,
sans casser,
sans plier.
Garder l’aplomb
Droit dans la chute
ne pas fléchir
tomber debout et voir le soleil une dernière fois.

mardi 22 mars 2011

CINQ

Elle ne me parlait jamais de la braillarde révolte des oiseaux, 
cette vaine musique des portées qui se croisent
Ils suivent l'immuable horaire du temps qui passent
Mais elle, trouvera-t-elle le chemin de la ballade ?
Je m'envole au delà du tempo monotone des roues d'acier
et continue à compter les wagons sans jamais me souvenir de leur nombre
Impossible de reprendre mon compte : ils sont déjà passé(s).

QUATRE



Mon marque-pages :
une photo tombée
derrière le buffet,
des années abandonnée.

Elle, si belle
ma belle, ma douce oubliée
à la poussière du temps.

Si elle savait !
L’appétence que me donne mes ivresses
Ses mains brûlent ma joue ;
Mains qui m’ont portées, bercées
Ses mains qui plièrent ma nuque.
Et l’ombre file
l'anneau à son doigt
imprime mes impossibles
une ombre souligne
Une page à marquer.

UN


Dans la cour les enfants se poursuivent
en criant.
Ma fille s’impatiente.
La porte du camion plein claque,
le moteur tousse.


Je voudrais ne plus rien entendre,
rien des bruits au delà des fenêtres closes.
Juste la lumière,
le temps d'apprivoiser le silence.

Faire, seule, le tour de la maison
une dernière fois caresser les murs vides
quitter le passé
laisser les morts enfin dormir.
Je ne reviendrai plus ici.

Le camion des déménageurs s'éloigne
Va charrier ailleurs les souvenirs.
Ma fille m’appelle,
j’entends son impatience.

Tais-toi ! Taisez-vous, tous !
laissez moi encore seule
laissez moi prendre la mesure de mes pas
et revenir vers vous en paix.
Cessez de vous inquiétez,
Je vais retrouver mon chemin 

Laisser le silence s'installer sur le passé
Une dernière fois écouter le grincement des crémones
lorsque je vais fermer les volets.
Enfermer à l'intérieur de toute mémoire
la pénombre apaisée,
à l'abri des volets clos.

DEUX


Il me suffit de poursuivre mon ouvrage.
Peu importe la lumière du jour qui baisse,
elle reviendra.
Peu importe le tic-tac de l'horloge
balance du silence.
A la demie j'ouvrirai la fenêtre.
jeter mon incertitude à la rumeur de la rue
Mes derniers doutes dehors
Je reviendrai peaufiner.
Elle m'a promis de rentrer,
il me suffit de l'espérer

TROIS

Dehors, seul avec le soleil,
il en a marre 
ce gamin de jouer 
seul dans la lumière.
Il jette 
sa balle de couleur,
dedans.
Jetée pour faire du bruit
Le fracas du gamin,
l'éclat du soleil
derrière la porte
Le couloir sombre dans
le silence
la couleur est entrée
le bruit est resté.

HUIT

Pour tant de choses
il est maintenant trop tard.
Malgré cela, pour l'écriture
j'ai encore tout le temps.
Et si aujourd'hui n'est que le premier pas,
la trace ne s'effacera pas
jusqu'au bout de ma route.
L'écriture n'est pas liée à mon âge
qui me courbera
mais à ma respiration.
Maintenant il est temps de faire le paix avec les petites ruptures du quotidien.